Les vitraux de l’Apocalypse et de la Genèse ont été commandés par le chanoine Craplet, alors curé de la Cathédrale et spécialiste de l’art roman auvergnat, au verrier Alain Makaraviez, pour la Cathédrale de Clermont. Cet artiste verrier a réalisé de nombreux vitraux dans le Puy de Dôme, à Notre Dame de Vergheat, par exemple, ainsi qu’en Haute-Loire et dans le Cantal. L’essentiel de son travail se situe en Auvergne.
A la cathédrale de Clermont, Makaraviez n’a pas voulu imiter des vitraux anciens ou faire un pastiche d’art roman, mais créer des vitraux contemporains avec des symboles anciens dans le respect des textes bibliques. Il concède cependant s’être souvenu du tympan d’Aulnay de Saintonge. Il avait aussi l’esprit « encombré d’images et de souvenirs » qui lui ont permis de créer sans avoir recours à des photos ou à des manuels. Son travail de coupe, de montage et de peinture a été effectué en collaboration avec sa femme Edwige Walmé.
Ils ont été installés, pour le vitrail de l’Apocalypse, en 1982 et 1992 pour la Genèse.
Il reproduit le dernier livre de la Bible.
Le Christ dans l’attitude du Christ Pantocrator est au centre de la mandorle, vêtu d’une robe rouge semée de croix. Il tient d’une main le livre des 7 sceaux, de l’autre il fait le geste de la bénédiction et sa main porte les marques de la Passion, la marque du clou dans le poignet et non dans la paume comme le fait l’iconographie traditionnelle. Pour Makaraviez, il ne s’agit que d’une nécessité technique : la barre de fer passait dans la paume. Le fond est animé par un semis d’étoiles. Le Christ est entouré par les symboles des 4 évangélistes : l’ange, le lion, le taureau et l’aigle qui portent des ailes ornées d’yeux. A gauche et à droite du Christ, deux lettres grecques s’inscrivent, l’alpha et l’oméga par lesquelles se désigne « le Seigneur, Maître de Tout » dans les premiers versets de l’Apocalypse.
Entourant ce premier cercle, 24 vieillards en robe blanche sont répartis en 8 rosaces. Chacun des 8 cercles se prolonge par des rameaux pour que l’ensemble forme un tout, ce qui évite de cloisonner l’espace. Certains portent des lunettes ou fument la pipe, ils sont blancs, noirs ou jaunes, et tous ces détails amusants sont conformes à l’esprit des sculptures médiévales. Les vieillards portent des fioles et non des coupes, ( Makaraviez reprenant ici une tradition de l’Alchimie) qui contiennent le parfum des prières. Leurs couronnes sont percées selon la technique délicate du « chef-d’œuvre » qui consiste à évider le verre. Fermant la mandorle, l’Agneau égorgé et vainqueur.
En dessous, le soleil noir et la lune sanglante qui marquent l’ouverture du 6ème sceau, dominent une scène de tremblement de terre, de feu d’étoiles qui tombent, de villes en flammes et de gens qui se noient. Les 4 cavaliers se tiennent en bas du vitrail, ils ont été difficiles à réaliser car il a fallu faire tenir 16 pattes dans un espace d’ 1m, 30 environ, tout en conservant une clarté au dessin.
De l’autre côté, la grande prostituée, qui porte, contrairement à la tradition, une robe rose et non pourpre ; elle est faite avec une feuille de « rose à l’or », technique qui consiste à mélanger dans la masse vitreuse en fusion un minéral, comme l’or. La grande prostituée étincelante de pierreries et de perles est installée sur la Bête écarlate aux multiples têtes. Au-dessus, apparaît la Jérusalem Céleste dont le rempart composé de pierres précieuses est mesuré par un ange qui tient en main un roseau d’or. La ville resplendissante n’est représentée que d’un côté, sans aucun effet de perspective et la décoration est plane.
La création du monde
A gauche, il y a trois plans : en bas, on voit deux mains qui écartent les ténèbres et la lumière surgit. Cette scène s’inscrit au milieu de la lettre « Beth » qui est la première lettre de la Genèse : « Bereshit bara Elohim », « au commencement Dieu créa le ciel et la terre ». Makaraviez avait hésité au départ et envisageait de représenter Dieu comme un vieillard, selon la tradition, mais ce dessin ne le satisfaisait pas. De chaque côté la lune et le soleil sont représentés comme des êtres vivants. Leur éclat et leur transparence proviennent de leur réalisation avec du jaune à l’argent. Au-dessus, les poissons foisonnant dans l’eau que la terre entoure, au-dessus encore, les animaux installés sur une île. Makaraviez a pensé à la tapisserie de la Dame à la licorne pour les détails de l’île…
A droite, la création d’Adam et Eve, puis au-dessus, le paradis terrestre : Eve, de dos, cueille un fruit d’or sur l’arbre autour duquel s’enroule le serpent, Adam est de face. En haut, Adam et Eve sont chassés du paradis terrestre, par un chérubin qui tient une épée flamboyante. Leurs jambes sont griffées par les ronces, Eve se retourne, tire la langue, mais elle a pris avec elle un rameau de l’arbre de Vie avant de s’en aller, selon une tradition rapportée par Chrétien de Troyes. Replanté, le rameau deviendra un arbre dont sera fait le bois de la croix. La porte du Paradis terrestre, pareille à une porte blindée, est fermée. Mais la serrure, en forme de croix, laisse entrevoir le salut…
Partie supérieure
Au centre une Vierge en majesté, jeune et couronnée, assise sur un trône ; Makaraviez rappelle que le chanoine Craplet ne voulait pas de Vierge noire. Sur ses genoux, le Christ debout, comme ressuscité, n’est pas un bébé, mais un petit homme. La Vierge écrase le serpent sous ses pieds, ce qui renvoie à l’Apocalypse. Le fond bleu, quadrillé de croix, est fait avec du verre antique, c’est-à-dire du verre soufflé à la bouche dont le colorant ne se répand pas de manière homogène, d’où les nuances de bleu clair à bleu foncé. Tout autour de la Vierge, s’inscrivent les paroles « un enfant nous est né, un fils nous est donné ». Planant au-dessus-de la Vierge, au sommet du vitrail, la colombe du Saint Esprit, , avec 3 étoiles en chef-d’œuvre qui rappellent la Trinité. En bas de la rosace, Jessé dort et de lui part un arbre : d’un côté, trois prophètes, de l’autre, trois rois, évoquant l’annonce du Christ, sa Passion et sa Résurrection.