01 Jan Semaine sainte 2024
Arbor decóra et fúlgida,
Ornáta Regis púrpura,
Elécta digno stípite
Tam sancta membra tángere.
Tu es beau, tu es éclatant,
arbre paré de la pourpre du Roi ;
noble tronc appelé à l’honneur
de toucher des membres si sacrés.
Hymne Vexilla Regis, Venance Fortuna
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Horaires des offices à la cathédrale
Dimanche des Rameaux : 10h
Messe chrismale : mardi saint, 18h30
Jeudi saint : 18h30, puis adoration jusqu’à 22h
Vendredi saint : 18h30, office de la Croix
Samedi saint : veillée 21h
Dimanche de Pâques : 10h
Attention, passage à l’heure d’été dans la nuit de samedi à dimanche
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Dans le choeur de la cathédrale de Clermont trône une croix dorée, créée par Philippe Kaeppelin à l’instigation du chanoine Craplet, et inaugurée en septembre 1978, sans doute pour la fête de la Croix glorieuse (le 14 septembre).
Cette croix présente quantité de détails non visibles de la nef, ou du déambulatoire. Nous remercions chaleureusement B. D., qui par ses photos nous permet de montrer la richesse des images inscrites sur la croix.
Le fût de la croix est très spécial : il est illustré de scènes typologiques, c’est-à-dire d’images de l’Ancien Testament préfigurant la Crucifixion, et le salut qu’elle apporte. Il évoque l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal, symbole que reprendra Makaraviez dans le vitrail de la Genèse. Une tradition médiévale affirmera que la croix du Christ fut taillée dans l’arbre de vie, dont Eve aurait dérobé un rameau lors de son expulsion du paradis.
Trois étages de deux images garnissent le tronc de la Croix : l’Eden tout en bas, avec Adam et Eve et le Serpent, le sacrifice d’Abraham, puis Moïse et le serpent d’airain, et Moïse frappant le rocher et la grappe de Canaan tout en haut. Tous ces « types » annoncent les « antitypes » : le nouvel Adam, le Christ, son sacrifice accepté pour sauver les hommes, la croix dressée au Calvaire qui sera le salut pour tous ceux qui la regarde, et enfin l’eau vive du Baptême, et le Vin de l’Eucharistie.
Tout commence par la Création, et le jardin d’Eden. La colombe de l’Esprit Saint plane sur la Création. Au milieu du jardin se trouve l’arbre du Bien et du Mal, et les deux êtres créés, Adam et Eve, ont été prévenus de ne pas manger des fruits de cet arbre sous peine de mort.
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Mais le serpent convainc Eve de cueillir et manger de ce fruit, et elle en donne à Adam. Ils sont alors chassés du Paradis.
Ce sera dans un autre jardin que le Christ, le nouvel Adam, apparaîtra à Marie-Madeleine, et qu’elle le prendra pour le « jardinier ». A la désobéissance d’Adam répondra l’obéissance du Fils, jusqu’à la mort et la mort sur la croix.
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Dans la Genèse, le premier à qui Dieu se révèle après la chute est Abraham. Et ce fut à propos de son fils Isaac que la Foi en la Résurrection se manifesta : Abraham ne craignit pas de sacrifier son fils unique, préfiguration du sacrifice du Christ sur la Croix. Dieu ne permit pas qu’Isaac soit immolé : il envoya un bélier, et c’est lui qui fut tué. Mais le Christ, nouvel agneau, mourut sur la croix.
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La deuxième scène de cet étage représente l’épisode de Moïse et le serpent d’airain : Lors de la longue traversée du désert que durent parcourir les Hébreux après leur sortie d’Egypte, un danger menaça le peuple hébreux : des serpents apparurent, et mordaient les talons des hébreux, causant la mort dans d’horribles souffrances.
Moïse, qui les guidait, fut l’objet de vifs reproches. Il fit alors dresser un mât, et fit placer au sommet de ce mât l’image d’un serpent d’airain. Quand un hébreu mordu par un serpent regardait la figure d’airain, il était miraculeusement guéri.
Ainsi tout chrétien regardant le Christ en croix est sauvé du péché, comme le Christ lui-même l’a annoncé : « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle » (Jn 3, 14-15)
Le mât où est suspendu le serpent d’airain a la forme d’un Tau, future représentation de la croix où est suspendu le Christ, et aussi image du dernier signe de l’alphabet hébraïque. Ce Tau annonce la réalisation des promesses de Dieu ; dans Ez 9, 4, le Tau marqué sur le front des pauvres d’Israël est le symbole qui les sauve de l’extermination.
Lors des quarante jours dans le désert, les hébreux souffrent de la soif. Moïse frappe alors un rocher avec son bâton, et l’eau jaillit. Cette eau salvatrice est le symbole de l’eau du baptême, qui sauve les chrétiens.
La main de Dieu surmonte la scène, comme dans le sacrifice d’Isaac.
Moïse est identifié grâce aux deux cornes qui encadrent sa chevelure ; est-ce une erreur de traduction de saint Jérôme dans sa Vulgate, ou la volonté de donner au patriarches des cornes, attributs divins du pouvoir ?
Le bâton que tient Moïse avait toute une histoire ; il avait permis la fuite du peuple hébreu lors de la poursuite des Egyptiens, quand Moïse avait écarté les eaux de la Mer rouge : il étendit la main « tenant le bâton grand et glorieux qui avait été créé à l’origine et sur lequel était gravé en toutes lettres le Nom grand et glorieux, ainsi que les dix signes dont il avait frappé les Égyptiens, les trois Patriarches et les six matriarches et les douze tribus de Jacob. » (I Ex 14,21) Alors Yahvé refoula la mer par un vent fort d’est.
Ce bâton porte les noms de Dieu, des patriarches, ainsi que des douze tribus de Jacob. Il est un résumé de l’histoire d’Israël, en particulier lors de la sortie d’Égypte.
La grappe de Canaan
Le nouvel Eden, terre sainte promise aux hébreux, c’est le pays de Canaan situé entre le Jourdain et la Méditerranée. Moïse, sur instruction de Dieu lui-même, y envoie en reconnaissance, douze hommes, un par tribu (Nb 13 24-33) : « C’étaient, le temps des premiers raisins … Ils coupèrent une branche de vigne avec sa grappe de raisin, et ils la portèrent à deux au moyen d’une perche… Voici le récit qu’ils firent à Moïse : Nous sommes allés dans le pays où tu nous as envoyés. C’est vraiment un pays où coulent le lait et le miel, et en voici les fruits. ».
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La fabuleuse grappe ramenée par Josué et Caleb, est le symbole visible de l’abondance et des richesses de la Terre promise.
Le vin est le signe de surabondance de la joie et du partage. Dans la dernière Cène, Jésus en fera le sang de la Alliance nouvelle et éternelle entre Dieu et les hommes, qui remplacera éternellement le sang des sacrifices de l’ancienne Alliance.
La croix elle-même a deux faces : sur une face se trouve le corps crucifié du Christ, entouré de sa mère et de saint Jean.
La tête du Christ est recouverte d’un linge, qui se poursuit en auréole. Un long périzonium entoure ses reins. La sainte Vierge et saint Jean tiennent tous deux un phylactère.
L’autre face montre l’agneau immolé, tenant une croix, et, à ses pieds, le livre aux sept sceaux de l’apocalypse. On le retrouve dans le vitrail de l’Apocalypse de Makaraviez, créé à l’initiative du chanoine Craplet.
L’ iconographie de la croix du choeur de la Cathédrale de Clermont illustre ainsi les liens entre l’Ancien et le Nouveau Testament, que les chrétiens revivent pendant la Semaine Sainte.