L’ambon de Philippe Kaeppelin
Lettre du 17 juin 1976 de Philippe Kaeppelin au chanoine Craplet
L’ambon serait en bois, recouvert de plaques de cuivre de 5/10 mm d’épaisseur. Les plaques seraient oxydées en tâches noires et brunes, puis certaines parties seraient dorées à l’électrolyse (une dorure très belle et brunie, c’est-à-dire brillante : ce seraient : la plaque porte-livre, le socle, et les motifs sculptés. Sur la face avant le socle couvrirait une plaque de forte vissée qui ferait un poids dans le bas. Sur la face arrière, vous m’avez demandé un petit rayon porte-livre. Comme celui-ci serait trop saillant, je trouve que le mieux serait d’avoir une cavitée (sic) dans le corps de l’ambon. Vous verrez cela sur le plan côté ci-joint
Pour le prix, c’est un travail un peu important. Pour ne pas me tromper, je pense qu’il faudrait compter 12 000 F. car il y a beaucoup de travail à façon, et d’opérations à réaliser. Et il faut que ce soit bien fait…
L’ambon fut installé pour le jour de Noël 1976.
La face antérieure de l’ambon figure le tétramorphe, quatre animaux symboliques.
La plupart du temps, les quatre symboles entourent Dieu assis en majesté, dans une mandorle. Ils représentent les quatre vivants de la vision d’Ézéchiel : Ez ; 1, 4-23. Il ouvre son premier chapitre par une vision symbolique de la gloire de Dieu. Dans une nuée de feu, quatre êtres vivants hybrides apparaissent : lion, taureau, aigle et homme-Ange.
Ces symboles furent attribués tout d’abord au Christ : « Le premier vivant est semblable à un lion », ce qui renvoie à la royauté ; « le deuxième est semblable à un jeune taureau », ce qui renvoie à sa fonction de prêtre ; « le troisième a un visage pareil à celui d’un homme », ce qui décrit son Incarnation ; et « le quatrième est semblable à un aigle qui vole », mention du don de l’Esprit qui vole sur l’Eglise. Mais très tôt dans l’Eglise, on affecta aux évangélistes ces quatre symboles :
Matthieu a pour attribut l’homme, car il commence son évangile par la généalogie du Christ. Le début de l’évangile de Luc fait allusion au sacrifice offert par Zacharie (Luc I, 5) ; or le bœuf est l’animal du sacrifice. Le lion désigne Marc qui, au début de son récit, parle de la voix qui crie dans le désert (Marc I, 3). L’aigle est la figure de Jean, car son texte introduit le lecteur face au Verbe, «la vraie lumière » (Jean I, 1-4) : l’aigle est le seul animal qui a pouvoir de regarder le soleil en face.
Tous les évangélistes tiennent un livre.
Ici l’ordre des évangélistes n’est pas traditionnel : on trouve d’abord l’aigle de saint Jean, puis le lion de saint Marc, le bœuf de saint Luc, puis l’ange de saint Mathieu.
© les photos sont de Brune DD