Nous sommes heureux de vous apprendre que l’interdiction d’accéder à la crypte a été levée ( février 2024) : après la signature d’une convention entre la CMN, la Drac, le clergé affectataire, l’office du tourisme et nous mêmes, convention obtenue après de longs mois d’échange, nous avons maintenant l’autorisation d’organiser des visites, pour 5 personnes…
Le visiteur ne peut qu’éprouver un sentiment de déception en découvrant la crypte de Clermont : le plafond de béton, l’absence de piliers, ne permettent pas d’imaginer la crypte telle qu’elle était à l’origine. Il est d’ailleurs pour l’instant extrêmement difficile de restituer son état primitif : construite en arkose, elle a été modifiée, agrandie, excavée à différentes époques, du Xe au XIIIe siècles. Les dernières fresques illustrant le déambulatoire (multiplication des pains, Annonciation…) datent de la fin du XIIe siècle, ou début XIIIe.
Elle a été comblée lors de la construction du chœur gothique dans la deuxième moitié du XIIIe siècle, et les structures antérieures ont été détruites. En 1855 l’architecte Mallay redécouvre une partie de la crypte et commence l’excavation qui se poursuit jusqu’en 1911.
La crypte se compose d’une vaste salle d’environ 9m de long et 6m de large, autrefois couverte d’une voute d’arêtes. A l’est se trouve un chœur en trois parties, à l’origine une triple abside. Un déambulatoire très étroit entoure le chœur, desservant 4 chapelles funéraires rayonnantes.
La seule partie subsistant de la cathédrale romane est la base des piliers. La pierre claire fait un fort contraste avec la pierre de Volvic.
La crypte a servi dans les années 1960 de musée lapidaire. Celui-ci a maintenant disparu, mais il reste toutefois des fragments de chancel, de couvercle de sarcophage, et surtout deux splendides cuves de sarcophages paléochrétiens.
Toutes deux ont servi, à différentes époques, de bases d’autel dans la cathédrale, avant d’être descendues dans la crypte.
Le premier à gauche est un sarcophage dit « du sud ouest de la Gaule ». On en trouve des équivalents à Toulouse.
Il daterait de la fin du IVe, ou début Ve siècle. Trois faces sont sculptées, et la scène principale représente le Christ entre les Apôtres. Les personnages sont séparés par groupe de deux par des colonnes ; certains tiennent dans leurs mains des « volumen », rouleaux de parchemin ancêtres du livre, qui est ici le symbole de la Loi divine. Une preuve de l’antiquité du sarcophage est la présence d’un « codex », l’ancêtre du livre, dans les mains du deuxième groupe d’apôtres à droite.
Les deux faces latérales sont des scènes de chasse, au lion et au sanglier ; ces scènes cynégétiques n’indiquent sans doute que la classe sociale élevée du défunt.
Le deuxième sarcophage est un sarcophage romain du IVe siècle.
La cuve est sculptée sur trois faces, les deux faces latérales présentant un relief moindre. Nous allons détailler la face principale, en commençant par les personnages centraux.
Les scènes se déroulent de gauche à droite, la première figurant un homme barbu faisant jaillir l’eau d’un rocher, suivi par deux soldats. La première interprétation de l’épisode est Moïse frappant le rocher dans le désert, et faisant jaillir l’eau pour désaltérer les hébreux. Mais la scène représente également saint Pierre faisant jaillir l’eau du baptême pour le peuple chrétien.
– Un apôtre barbu présente au Christ un petit personnage qui s’appuyait sur un bâton, maintenant disparu: c’est l’aveugle-né de l’Évangile, que le Christ va guérir.
– Une femme se jette aux pieds du Christ pour toucher les franges de son manteau. Ainsi, elle sera guérie des pertes de sang qui la rendaient infirme.
– Le Christ, suivi par Marie-Madeleine, se rend au tombeau de Lazare. Ici figuré de trois-quart dos, il touche son ami mort, et le rend à la vie.
Tous nos remerciements à Madame Françoise Monfrin, Maître de conférences, Paris-Sorbonne (Paris IV), pour avoir relu et corrigé nos identifications.
Ce sarcophage du IVe siècle provient de Rome, au moment où le culte de saint Pierre prend de plus en plus d’importance. Nous l’avons à gauche, faisant jaillir l’eau du baptême pour les soldats romains. Ne pourrait-on pas le retrouver dans le personnage barbu présentant au Christ l’aveugle, ou introduisant la femme hémorroïsse? Dans ce cas, le sarcophage appartiendrait à la série des sarcophages dits « pétriniens ».