Le mystère de Pâques se traduit ici, comme sur plusieurs chapiteaux auvergnats, par la visite des saintes femmes au tombeau, au troisième jour. Le médaillon de la fin du XIIIe présenté ici se trouve dans la chapelle Sainte-Marie-Madeleine. Les plombs du médaillon ont été changés par Gaudin début XXe, mais ce dernier n’a pas retouché les visages, qui ont perdu leur grisaille.
À gauche se trouve Marie-Madeleine, en robe jaune et manteau bleu. Elle tient dans sa main gauche les aromates pour l’embaumement du corps du Christ, et sa main droite esquisse un geste d’étonnement. Devant elle, un ange est assis sur le tombeau vide. Comme pour l’Annonciation, ses ailes sont déployées, il tient le bâton de messager dans sa main gauche ; il désigne le linge vide posé sur le tombeau.
Dans l’évangile de saint Jean, il y a deux anges : « Elle aperçoit deux anges vêtus de blanc, assis l’un à la tête et l’autre aux pieds, à l’endroit où avait reposé le corps de Jésus. Ils lui demandent : « Femme, pourquoi pleures-tu ? » Elle leur répond : « On a enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où on l’a déposé. » Jn 20, 11-13
L’ange évoque les chérubins qui se trouvaient, selon l’ordre de Dieu, à l’extrémité de l’Arche d’Alliance ; c’était là où Dieu rencontrait son peuple, lui parlait. L’Arche d’Alliance préfigurait l’endroit où le mystère du Salut allait avoir lieu. Même la couleur violette, et la pourpre, rappellent l’arche fabriquée sur ordre de Dieu.
Les ouvriers, artisans habiles, construisirent la Demeure ; ils firent dix tentures de lin retors, pourpre violette, pourpre rouge et cramoisi éclatant, et on y broda des kéroubim : c’est une œuvre d’artiste.
Ex 36, 8
Et il forgea deux kéroubim en or, qu’il plaça aux deux extrémités du propitiatoire, un kéroub à une extrémité, et l’autre kéroub à l’autre extrémité ; il fit donc les kéroubim aux deux extrémités du propitiatoire.
Les kéroubim avaient les ailes déployées vers le haut et protégeaient le propitiatoire de leurs ailes ; ils se faisaient face, le regard tourné vers le propitiatoire. Ex, 37, 7-9
Sur la face antérieure du tombeau, on devine trois silhouettes peintes en grisaille : ce sont les soldats que le grand prêtre avait fait poster devant le tombeau du Christ.
Ici, Marie-Madeleine est seule au tombeau.
Autre différence : le linge vide ayant entouré la tête du Christ, roulé à part à sa place, est mentionné par saint Jean, quand Pierre rentre dans le sépulcre. C’est en voyant ce linge que l’évangéliste dit « Il vit, et il crut »
Le lendemain, après le jour de la Préparation, les grands prêtres et les pharisiens s’assemblèrent chez Pilate, en disant : « Seigneur, nous nous sommes rappelé que cet imposteur a dit, de son vivant : “Trois jours après, je ressusciterai.”
Alors, donne l’ordre que le sépulcre soit surveillé jusqu’au troisième jour, de peur que ses disciples ne viennent voler le corps et ne disent au peuple : “Il est ressuscité d’entre les morts.” Cette dernière imposture serait pire que la première. »
Pilate leur déclara : « Vous avez une garde. Allez, organisez la surveillance comme vous l’entendez ! »
Ils partirent donc et assurèrent la surveillance du sépulcre en mettant les scellés sur la pierre et en y plaçant la garde.
Math, 27, 62-66
Après le sabbat, à l’heure où commençait à poindre le premier jour de la semaine, Marie Madeleine et l’autre Marie vinrent pour regarder le sépulcre.
Et voilà qu’il y eut un grand tremblement de terre ; l’ange du Seigneur descendit du ciel, vint rouler la pierre et s’assit dessus.
Il avait l’aspect de l’éclair, et son vêtement était blanc comme neige.
Les gardes, dans la crainte qu’ils éprouvèrent, se mirent à trembler et devinrent comme morts.
L’ange prit la parole et dit aux femmes : « Vous, soyez sans crainte ! Je sais que vous cherchez Jésus le Crucifié.
Il n’est pas ici, car il est ressuscité, comme il l’avait dit. Venez voir l’endroit où il reposait.
Math 28, 1-6
La liturgie du jour de Pâques introduit l’Évangile par une séquence : Victimae paschali laudes, qui résume avec concision et clarté le mystère pascal. Ce sera notre conclusion.
Victimae paschali laudes immolent Christiani.
Agnus redemit oves :
Christus innocens Patri reconciliavit peccatores.
Mors et vita duello conflixere mirando :
dux vitae mortuus, regnat vivus.
Dic nobis Maria, quid vidisti in via ?
Sepulcrum Christi viventis,
et gloriam vidi resurgentis :
Angelicos teste, sudarium, et vestes.
Surrexit Christus spes mea :
praecedet suos in Galilaeam.
Scimus Christum surrexisse a mortuis vere :
tu nobis, victor Rex, miserere.
À la victime pascale, chrétiens, offrez vos louanges.
L’agneau a racheté les brebis :
Le Christ innocent a réconcilié les pécheurs avec le Père.
La mort et la vie s’affrontèrent en un duel prodigieux :
Le Maître de la vie mourut : vivant, il règne.
Dis-nous, Marie Madeleine, qu’as-tu vu en chemin ?
J’ai vu le sépulcre du Christ vivant,
j’ai vu la gloire du Ressuscité.
J’ai vu les anges ses témoins, le suaire et les vêtements.
Le Christ, mon espérance, est ressuscité :
il précédera les siens en Galilée.
Nous le savons : le Christ est vraiment ressuscité des morts.
Roi victorieux, prends-nous tous en pitié !
N’oublions pas les chapiteaux du XIIe : voici ceux de Mozat, et de Saint-Nectaire