C’est une abbaye bénédictine, une des plus anciennes ayant existé, et ses origines sont connues par la vie de saint Bonnet, rédigée par un moine de l’abbaye au début du VIIIe siècle.
Saint Genès, évêque de Clermont l’aurait fondée dans le deuxième quart du VIIe sur une de ses terres. La vie de saint Bonnet décrit en détail l’abbaye, et les deux églises qu’elle contenait à l’intérieur d’une clôture aux trois portes. Une église dédiée à la Vierge possédait une haute tour pentagonale, qui émergeait d’un massif quadrangulaire décoré par des arcatures ; l’autre, dédiée aux apôtres, comportait des arcades et des colonnes travaillées à l’antique et couvert d’une charpente en forme de voûte très élevée. [1]
L’église dédiée à la Vierge a disparu. Elle a été jusqu’à la fin de l’Ancien Régime l’église paroissiale de Manglieu, dont la nomination était à la charge de l’abbé du monastère voisin.
Depuis l’époque carolingienne, et peut-être à cause de la translation des reliques de saint Sébastien de Rome à Saint-Médard de Soissons en 826, le patronage de l’église des apôtres fut transféré à saint Sébastien.
En 833, un diplôme mentionne que le corps de saint Cassius y reposait
La Gallia Christiana indique que l’abbé Claude Du Prat restaura l’église, la salle capitulaire et les autres bâtiments monastiques en 1517. Le même texte indique que l’abbé Chazeron a construit le réfectoire en 1550. Elle aurait été mise à sac par les huguenots en 1589.
Le clocher carré surmontant le narthex a été remonté, vers 1610, par l’abbé Guillaume II Montmorin d’après la Gallia Christiana.
L’abbaye a été indépendante jusqu’au 3 septembre 1716, puis est rattachée à Cluny.
Elle fut supprimée en 1777. L’église abbatiale est alors devenue paroissiale.
[1] Gabriel Fournier, Le peuplement rural en Basse Auvergne durant le Haut Moyen-Age, Université de Paris, 1962, pp 543-547
L’église, construite en gneiss et arkose rose, est composée d’un porche de la fin du XIIe, de trois vaisseaux parallèles, coupé par une tribune ouvrant sur la nef par une arcature à trois baies portées par des colonnes jumelées, flanquée de deux tours de clocher, d’une nef de cinq travées, flanquée de collatéraux, reconstruite au XVIe. Une restauration a eu lieu en 1967. Il reste des vestiges d’un cloître très ancien.L’abside non voûtée, est préromane, en hémicycle à l’intérieur, mais à chevet plat à l’extérieur.
L’arc du chevet est soutenu par deux futs de colonnes en marbre gris (peut-être des Pyrénées ?), surmontées de chapiteaux de style corinthien à trois rangs de feuilles d’acanthe, en marbre blanc.[1]
La porte latérale est en plein cintre, cinq rouleaux, moulure d’archivolte, piédroits à ressauts ornés de colonnettes et chapiteaux. Elle est ouverte dans la première travée sud. Les ventaux en bois sculpté sont du XVIe.
[1] Bruno Phalip, Auvergne romane, Faton 2013, p 68 ;
Martinez, Damien. « À la croisée des chemins de l’histoire, de l’archéologie du bâti et de l’histoire de l’art monumental. Le monastère primitif de Manglieu (Puy-de-Dôme) : VIIe-XIe siècles ». Bruno Phalip, loin des chantiers battus, un autre discours, édité par Mélinda Bizri et al., ARTEHIS Éditions, https://books.openedition.org/artehis/32088
Quelques chapiteaux de feuillage, les plus impressionnants sont au sommet des colonnes encadrant le choeur.
Dans un bas-côté, se trouve une paroi de cuve de sarcophage, richement ornée d’un chrisme accompagné de l’A et de l’Ω entourés de feuillage, sans doute du vie siècle. L’autre sarcophage, enrichi de pampres et de feuilles de vigne, est carolingien.
On trouve aussi un bénitier en marbre quadrilobé et des fonts baptismaux.
Au cours du XIXe, plusieurs tableaux ont été installés. Quelques statues antérieures subsistent : saint Roch, sainte Anne et la Vierge, saint Etienne, et bien sûr saint Sébastien!
BIBLIOGRAPHIE
Yves Bruand. L’abbaye de Manglieu au début du VIIIe siècle. In: Bulletin Monumental, tome 118, n°3, année 1960. pp. 211-212 : https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007473x_1960_num_118_3_4063_t1_0211_0000_2
Gabriel Fournier, « L’ancienne abbaye de Manglieu », Chroniques Historiques du Livradois-Forez, no 26, 2004, p. 7-25
Le peuplement rural en Basse Auvergne durant le Haut Moyen-Age, Université de Paris, 1962, pp 543-547
Damien Martinez, « Les premiers monastères d’Auvergne à la lumière de la documentation textuelle et archéologique (Ve-Xe siècle) : état de la question », Bulletin du centre d’études médiévales d’Auxerre | BUCEMA [En ligne], Hors-série n° 10 | 2016, mis en ligne le 09 décembre 2016, consulté le 02 mars 2023. URL : http://journals.openedition.org/cem/14484 ; DOI : https://doi.org/10.4000/cem.14484https://journals.openedition.org/cem/14484#tocto2n8 « À la croisée des chemins de l’histoire, de l’archéologie du bâti et de l’histoire de l’art monumental. Le monastère primitif de Manglieu (Puy-de-Dôme) : VIIe-XIe siècles ».
Bruno Phalip, loin des chantiers battus, un autre discours, édité par Mélinda Bizri et al., ARTEHIS Éditions, https://books.openedition.org/artehis/32088
Auvergne romane, Faton 2013, p 68