Église romane Saint Fargeon, deuxième moitié du XIIe siècle (Classée M.H.)
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Bourg-Lastic se situe à l’ouest du diocèse de Clermont, à la limite du diocèse de Limoges (en 1317, création du diocèse de Tulle), près de la profonde vallée du Chavanon, affluent de la Dordogne. L’église est dédiée à saint Fargeon ou Fergheon, compagnon du prêtre Ferréol. Les deux saints seraient les évangélisateurs de la région de Besançon. Bourg-Lastic se trouve non loin de la voie romaine burdigalaise. Près de Perol, commune de Prondines, on situe l’embranchement, à partir de la voie d’Agrippa, d’une voie secondaire, en direction de Bordeaux, qui traverse le camp militaire de Lastic sous le nom de Chemin de César, puis se dirige vers Eygurande (= frontière) et Ussel.
L’église était une dépendance du prieuré casadéen (disparu) du Port-Dieu (Corrèze), qui présentait à la cure, tout comme l’église proche de Briffons et le monastère féminin de Saint-Genès-lès-Monges. Au XVIe siècle, Bourg devint Bourg-Lastic prenant le nom d’un hameau voisin pour « se distinguer des autres localités du même nom » (A.-G. Manry Histoire des communes du Puy-de-Dôme, Le COTEAU, 1987)
Architecture
Plan : nef de trois travées romanes, transept débordant à chapelles orientées, abside semi-circulaire. Chapelles : l’une d’elles, au nord-est, présente une baie à fenestrage gothique et une voûte à croisée d’ogives et clef armoriée, les autres, modernes, sont ouvertes sur les 2e et 3e travées. Au XIXe (1841-1862), allongement de la nef, d’une travée à l’ouest, création de la courte partie droite du chœur et remontage de l’abside.
« Structure aussi trapue qu’à Herment » (Bruno Phalip). Berceau légèrement brisé. Arcs doubleaux reçus sur des colonnes engagées. Coupole sur trompes, mais « à pans ». Moyen appareil régulier, sauf extrémités du transept. Construction en grès houiller local et non en granit. « Toutes les baies subsistantes ont été refaites ».
Le Portail méridional remarquable, fortement ébrasé, présente des modénatures complexes, à tores et gros boudins, surmonté d’une archivolte au tracé brisé, ornée d’un décor à pointes de diamant. Et des voussures dont les chanfreins d’arêtes sont « peuplés de boutons et de masques, alternant : bouches à grosses lèvres, yeux globuleux, arcades sourcilières marquées, tête tirant la langue. Pas d’iconographie religieuse dans cet ensemble.
A l’extérieur, les autres zones sculptées sont celles de l’abside, du clocher octogonal – à huit fenêtres en plein cintre, surmonté d’une flèche aux lignes infléchies – et du transept. Au chevet, modillons à énormes têtes grimaçantes, quadrupèdes. . . Même décor pour les chapiteaux des colonnes contreforts. En haut des contreforts plats du transept sud, plaques avec des motifs cordés, entrelacs et palmettes, fruits, masques ; l’une représente un curieux quadrupède ; une autre, sur la souche quadrangulaire de la tour du clocher, l’Agneau pascal, thème rare en Auvergne, selon le chanoine Craplet. En 692, le concile in Trullo, du nom de la salle à coupole du palais de l’empereur byzantin, prend une décision au sujet des images saintes : le Christ doit être représenté sous son « aspect humain » et non à partir d’allégories comme celle de l’agneau (canon 82).
A l’intérieur, chapiteau au beau décor en damier à la croisée du transept, d’autres, à feuillages et fruits, entrelacs, arcades, ébauches de palmettes ; chapiteaux figurés : masque crachant des tiges, homme nu tirant la langue, personnage ailé tenant la main d’un homme nu. Deux personnages ailés (démons ?) se tiennent la main au-dessus d’un oiseau prêt à s’envoler. Quelques chapiteaux de l’époque gothique à courte corbeille et crochets, côté sud de la nef.
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Mobilier :
Saint François Régis contemplant le crucifix, statue en bois doré, dans une niche d’un retable d’autel de même époque, XVIIIe siècle.
Saint Antoine et son cochon, statue, XVIIIe siècle.
Vierge de pitié, statue de terre cuite polychromée
Saint Fargeon, Notre-Dame de l’Assomption, saint Joseph, statue de bois doré, XIXe siècle
Bénitier, socle d’une croix XVe-XVIe siècles et vasque XVIIe siècle