Billom : église Saint-Cerneuf

Billom, église Saint-Cerneuf, vue générale
Billom, église Saint-Cerneuf, photo Bernard Craplet

Billom fut au XVe une des 13 bonnes villes d’Auvergne fortifiées ; la collégiale Saint-Cerneuf, une des 5 paroisses de la ville avec Saint-Loup, Saint-Saturnin, Notre-Dame de la Prade (rattachée à Tinlhat), et Saint-Michel (qui a existé jusqu’en 1656), possédait un chapitre.

1202 : le chapitre présente à la cure, accordée par l’évêque ; fête célébrée en 1699 saint Cerneuf

En 1812, le curé et la paroisse demande l’établissement de la fête de saint François Régis, car il y avait des reliques.

La ville abrita le premier collège de Jésuites de France, installé par l’évêque Guillaume du Prat en 1555 (https://patrimoine.auvergnerhonealpes.fr/dossier/college-de-jesuites-de-billom-desaffecte/922b75e3-2b24-40f4-b2a2-1b1fb79007d1)

Architecture intérieure et extérieure

L’église fut complétement réaménagée par Mallay dans les années 1860. L’architecte reprit le mur nord, la charpente, déblaya la crypte, construisit le clocher et voulut reconstruire l’abside romane. Il reprit l’élévation, en introduisant des ouvertures, et en rehaussant la toiture. La prison canoniale, adossée au mur nord, fut détruite en 1852. La façade ouest est tripartite, avec d’importants contreforts. Le portail du XIIIe est remarquable par son réseau d’intrados polylobés, la porte conservant des pentures du XIIe.

Mallay entoura l’abside de petites absidioles rayonnantes, mais conserva la partie haute, gothique, de l’abside.

Le choeur et le déambulatoire ont été élevés sur la crypte à l’époque romane. Il semble que le plan général ait été celui des églises auvergnates : Saint-Nectaire, Notre-Dame du Port…L’abside présente un rond-point de huit colonnes en plein cintre. La partie haute du choeur a reçu au XVIIIe un décor de stuc, des baies transformées en niches abritaient des statues, et des guirlandes de fleurs garnissaient le décor.

Les chapiteaux de l’abside ont été remaniés au XVIIIe siècle, en recevant un décor stuqué, les seuls qui restent sont ceux du déambulatoire. Parmi eux, un thème rare, l’histoire de Zachée.

La nef, avec deux bas-côtés,  a été construite dans la première moitié du XIIIe se substituant à la nef romane ; de magnifiques piliers d’une rare élégance montent d’un seul jet jusqu’aux voûtes. Les bas-côtés sont très étroits et de même hauteur que la nef : 20m. La nef gothique se raccorde au chevet roman au prix d’un gauchissement sensible dans le plan de la dernière travée. L’architecte suréleva alors le choeur roman avec une étage gothique à sept pans à voûtes d’ogives.

La crypte romane du XIe présente six piliers circulaires qui soutiennent l’abside et le choeur, ainsi que quatre piliers quadrangulaires plus importants  à l’ouest. Autour du déambulatoire s’ouvrent quatre absidioles rayonnantes en cul de four. Des peintures  racontent l’histoire de sainte Marguerite.

Au sud est du déambulatoire se trouve la chapelle funéraire de Gilles Aycelin de Montaigut, archevêque de Narbonne, puis de Rouen, mort en 1314, qui par testament a souhaité reposer dans cette chapelle qu’il avait fait construire. Le plan se compose d’un chevet pentagonal et d’une travée rectangulaire. L’enfeu est surmonté de deux statues de l’Annonciation, et sur le bas du tombeau, une frise représente abbesse, cardinal, évêque, et clercs. Au fond de l’enfeu, un relief montre une Nativité.

La chapelle est voûtée et décorée de peintures dégagées en 1971.
Les peintures des voûtes s’articulent autour des quatre évangélistes, de très bonne facture, entourés d’anges musiciens ou porteurs de phylactères.

Les peintures des murs symbolisent le passage de la Terre au ciel. Sur le mur nord la Synagogue fait face à l’Eglise au sud. Sur le mur ouest est figuré le couronnement de la Vierge.

 

Billom, église Saint-Cerneuf, mise au tombeau
Billom, église Saint-Cerneuf, mise au tombeau, sainte Véronique, B. Craplet

Une des particularités de cette mise au tombeau est l’ajout de sainte Véronique aux trois saintes femmes.

La mise au tombeau a été réinstallée dans l’église en 1951 après plusieurs déplacements : elle a été restaurée à cette époque.

Huit personnages, sculptés à mi-corps, entourent le Christ, qui repose dans un sarcophage très simple.

Un premier groupe, taillé dans un bloc de pierre se tient près de la tête : la Vierge est au centre, avec une sainte femme plus âgée à sa gauche, et saint Jean, qui la soutient, à sa droite.

Taillé dans un deuxième bloc de pierre se trouvent deux saintes femmes. L’une tient sa natte de cheveux en se penchant vers le Christ. Sa voisine très recueillie est perdue dans sa peine ; elle tient à deux mains une large étoffe blanche plissée.

Marie-Madeleine est aux pieds du Christ, portant d’une main le pot de parfum et de l’autre le couvercle.

Deux hommes soulèvent le linceul : Joseph d’Arimathie, plus richement vêtu  à la tête, et Nicodème aux pieds.

Deux petits anges évoquant la Résurrection encadre le sarcophage.

Dans la plupart des mises au tombeau, sept personnages veillent sur le corps du Christ. A Billom, on en compte huit, avec la présence de sainte Véronique.

Billom, église Saint-Cerneuf, autel de la chapelle du Précieux Sang, photo Bernard Craplet
Billom, église Saint-Cerneuf, lambris, photo Bernard Craplet
Billom, église Saint-Cerneuf, autel de la chapelle du Précieux Sang, Pélican, photo Bernard Craplet

La chapelle du Précieux Sang

Une des reliques les plus précieuses de la basilique était une ampoule contenant des gouttes du sang du Christ. Une chapelle lui avait été consacrée fin XVIe, et son mobilier s’étend de cette époque au XIXe. Un ensemble de lambris XVIIIe recouvre les murs latéraux de la chapelle ; les panneaux de bois sont séparés par des pilastres.

Il subsiste six panneaux sculptés disparates représentant des épisodes de la Passion. Quatre sont encastrés dans le soubassement du retable de la chapelle, le Christ portant sa croix, une femme vêtue à l’antique portant marteau et échelle, à droite le Christ devant Pilate et un « Ecce homo ».
Deux grands panneaux occupent les pans coupés de part et d’autre de l’autel : la flagellation et le couronnement d’épines.

Billom, église Saint-Cerneuf, décor en stuc , reliquaire du Saint-Sang
Billom, église Saint-Cerneuf, panneau sculpté, portement de croix, photo Bernard Craplet
Billom, église Saint-Cerneuf, panneau sculpté, femme avec échelle et marteau c photo Bernard Craplet
Billom, église Saint-Cerneuf, panneau sculpté, Christ devant Pilate, photo Bernard Craplet
Billom, église Saint-Cerneuf, panneau sculpté, Christ et deux anges, photo Bernard Craplet
Billom, église Saint-Cerneuf, panneau sculpté, la Flagellation , photo Bernard Craplet
Billom, église Saint-Cerneuf, panneau sculpté, Couronnement d'épines , photo Bernard Craplet

Dans une chapelle du déambulatoire se trouvent les instruments de la Passion. On distingue clairement

  • Le coq (Jn 18, 27)
  • Le manteau pourpre (Jn 19,2)
  • La corde (Jn 18, 12)
  • Le marteau (Jn 19, 18)
  • Les tenailles (Jn 19, 38)
  • La main (Jn 18,22)
  • Le calice (Math 27, 34)
  • l’éponge (Jn 19, 22)
  • La lanterne des gardes (Jn 18, 3)
  • Le fouet (Jean 19, 1)
  • L’échelle (Jn 19, 38)
  • La couronne d’épines (Jn 19, 5)
  • La lance de saint Longin (Jn 19, 34)
  • Le linge de Véronique
  • L’inscription de la Croix (Jn 19, 19)

Deux autres objets suspendus sont difficiles à identifier. Ce pourraient être le roseau, les dés à jouer, ou la bourse que reçoit Judas.

Billom, église Saint-Cerneuf, instruments de la Passion
Billom, église Saint-Cerneuf, Christ sur un brancard

Sur le territoire de l’église Saint-Loup se trouvait une chapelle dite des pénitents (AD63, 1G1082, 4 mai 1726).  Il y a encore la place et la rue des Pénitents au nord de l’église.

Au soir du jeudi saint se déroulait une grande procession, où les pénitents portaient les instruments de la Passion.  Le musée Mandet de Riom possède un tableau du XIXe, de Nicolas Berthon (1831-1888), représentant la procession.

Dans la chapelle de Saint-Cerneuf où se trouvent les instruments de la Passion, on remarque un Christ grandeur nature sur un brancard, qui peut-être était utilisé lors de la procession. On trouve aussi dans la l’église Saint-Cerneuf, provenant de Saint-Loup, un tableau figurant saint Antoine le grand, ermite, et en fond la procession arrivant à l’église.

Billom, église Saint-Cerneu, tableau, saint Antoine et les pénitents
Billom, église Saint-Cerneuf, statue Saint-Michel, photo Bernard Craplet
Billom, église Saint-Cerneuf, statue Saint-Michel, photo Bernard Craplet
Billom, Pieta de Saint-Loup, photo Bernard Craplet
Billom, Pieta de Saint-Loup, photo Bernard Craplet

Bibliographie :

 

Ruprich-Robert : Article dans le Bulletin Monumental de 1935, tome 4