Depuis les travaux de Henri du Ranquet, l’habitude a été prise de parler de la chapelle St-Privat et Ste-Marguerite, malgré les preuves nombreuses de l’ancienneté du culte de sainte Foy dans cette chapelle.
C’est d’abord le plan de la Canone qui l’atteste ; ce sont surtout les inscriptions répétées dans les vitraux eux-mêmes : « scta Fides » peut-on lire dans l’un des deux quadrilobes qui surmontent la verrière, ainsi que sur le premier médaillon de la troisième lancette. Par ailleurs, ayant cru lire un impossible « Privatius » là où l’on ne peut lire que « …aprasius » (au 4e médaillon de la seconde lancette ; le mot est amputé du début), et n’ayant enfin pas vu l’inscription « …eliciani » (au 7e médaillon de la première lancette ; le mot est amputé du début), le verrier Gaudin, conseillé par du Ranquet, a réutilisé début XXe un certain nombre de médaillons de cette verrière pour imaginer une vie de saint Privat, attribuant les médaillons qui n’y trouvaient pas leur place au récit voisin de la passion de sainte Marguerite (allant jusqu’à la faire torturer sur un gril …).
La clé de lecture de cette verrière se trouve en fait dans le récit de la passion de sainte Foy, saint Caprais, saint Prime et saint Félicien, tel qu’il figure dans un légendier de Clermont du XIVe siècle , dans une version voisine de celle qui a été éditée dans les Acta Sanctorum à la date du 20 octobre. Le récit de la passion de sainte Foy forme en réalité la partie centrale de celle des saints Caprais, Prime et Félicien. L’évêque d’Agen avait d’abord fui le martyre. Mais l’exemple de la petite fille de 12 ans, nommée Fides ou Foy, qui préféra le grill à l’apostasie le convertit, et il affronta le roi Dacien, qui le fit torturer et décapiter, en compagnie de deux de ses disciples Primus (Prime) et Felicianus (Félicien). .
L’évêque Caprais était souvent associé à saint Pierre : tous deux à la tête des chrétiens, ils eurent tous deux un moment d’effroi, et préférèrent d’abord s’enfuir devant la mort. Ainsi saint Pierre quitta Rome, comme le raconte le passage apocryphe du « Quo vadis », avant de rencontrer le Christ et de comprendre qu’il devait affronter le martyre. Dans le diocèse de Clermont, l’abbaye de Mozat eut ces deux saints comme patrons au moment de la translation de saint Austremoine. On les retrouve également associés à Bansat…
Si l’on fait abstraction des huit médaillons reconstitués au début du XXe siècle, ce sont dix-sept médaillons que l’on peut retenir comme illustrant le récit de leur passion, les onze restants correspondant sans difficulté à un récit de la passion de sainte Marguerite.
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Les légendes des photos sont traduits du lectionnaire 148, maintenant à la bibliothèque du Patrimoine de Clermont, utilisé par les chanoines de la cathédrale de Clermont au début du XIVe siècle. Tous les médaillons anciens de la verrière trouvent leur explication dans ce texte ; il demeure alors dans les deux lancettes de droite la légende de sainte Marguerite.