27 Fév Carême 2016
Depuis le mercredi 10 février, le mercredi des cendres, nous avons commencé la marche vers Pâques. Temps de conversion, ces quarante jours doivent nous permettre une redécouverte et un approfondissement de notre Foi chrétienne, un émerveillement devant l’amour infini de Dieu et sa miséricorde.
Pour cela, la parabole de l’Enfant prodigue telle que nous la montre la verrière de la chapelle Saint-Jean-Baptiste nous aide à méditer. Voici aussi un commentaire de John Henry Newman sur cette parabole :
« Père, j’ai péché contre le Ciel et contre toi ; je ne mérite plus d’être appelé ton fils, traite-moi comme l’un de tes serviteurs » (Lc 15, 18-19)…
« Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé. Tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un cœur brisé et contrit. » Telles sont les pratiques du pénitent, comme le suggère la nature des choses et comme Dieu lui-même les a approuvées dans l’Ancien Testament.
Dans la parabole de l’Enfant prodigue, nous n’y trouvons rien de ce genre. Aucune mention n’est faite ici d’aucune offrande du fils à son père, aucune œuvre de réparation n’apparaît. Cela mérite notre attention.
La vérité, c’est que notre Sauveur nous a montré une voie, en tous points, plus parfaite que celles qui aient jamais été révélées auparavant à l’humanité. Comme il nous promet une sainteté plus haute, une maîtrise de soi plus complète, un renoncement plus généreux et une connaissance de la vérité plus entière, il nous accorde de même un repentir plus vrai et plus noble. Le plus noble repentir (si un être déchu peut être noble dans sa chute), la plus belle conduite chez un pécheur conscient, c’est un abandon sans condition de lui-même à Dieu. Non un marchandage sur les termes, ni une sorte de combinaison pour rentrer en grâces, mais, avant toute chose, un abandon absolu de lui-même. Il ne sait pas ce qui lui arrivera, si Dieu l’épargnera ou non ; il a simplement assez d’espoir au cœur pour ne pas désespérer totalement du pardon. Et de plus, il n’aspire pas seulement au pardon comme à une fin ; mais il prête plutôt attention aux exigences du bienfaiteur qu’il a offensé.
Accablé de honte et du sentiment de son ingratitude, il lui faut s’abandonner à son juste souverain. Il est l’offenseur en fuite; il lui faut revenir, c’est sa toute première démarche, avant que rien puisse être décidé à son sujet, en bien ou en mal. Il est rebelle ; il lui faut donc déposer les armes. Des offrandes choisies par lui-même conviendraient pour une affaire moins grave ; comme réparation du péché, elles impliquent, dans son cas, une vision déficiente du mal et de l’étendue de la faute. Telle est la voie parfaite qui répugne à la nature, mais qui fait la joie de notre Seigneur dans la parabole : celle de quelqu’un qui s’abandonne. L’Enfant prodigue n’a pas attendu que son père lui manifeste des marques d’apaisement. Il n’a pas fait la moindre approche à distance, pour s’arrêter ensuite comme un poltron, s’interrogeant avec curiosité et avec crainte sur les sentiments de son père à son égard. Il s’est résigné d’emblée à la déchéance, dans le meilleur des cas, et peut-être à son rejet. Il s’est levé et il est allé tout droit vers son père, d’un cœur résolu. Bien que son père attendri l’ait vu de loin et soit sorti à sa rencontre, son intention restait celle d’une soumission ferme et loyale.
Tel est le repentir chrétien : avant tout, il nous faut mettre de côté l’idée de trouver un remède à notre péché. Ensuite, bien que nous éprouvions le poids de notre faute, il nous faut pourtant aller résolument vers Dieu, sans savoir certes si nous serons pardonnes. Lui, en effet, vient à notre rencontre sur la route, avec les signes de sa faveur. Aussi soulève-t-il la foi de l’homme qui, autrement, sombrerait sous la peur de la rencontre du Dieu Très Haut. Encore faut-il, pour que notre repentir soit chrétien, qu’il s’accompagne d’une note généreuse d’abandon personnel : qu’on reconnaisse être indignes d’être encore appelés ses enfants, qu’on élimine tout espoir ambitieux de s’asseoir à sa droite ou à sa gauche, qu’on accepte volontiers de porter le joug pesant des serviteurs à gages, si Dieu nous l’impose.
Newman dans Sermons paroissiaux, Le repentir chrétien
L’image représente le Fils prodigue en train de garder les porcs. Il est sous un chêne, et mange les glands, car il est dit dans la parabole
« Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien. » Luc 15, 16.
C‘est une scène représentant la glandée, image traditionnelle des calendriers médiévaux pour le mois de novembre.